Un préau cruciforme unit la galerie des bas-reliefs à la galerie de la
deuxième enceinte par une structure remarquablement élaborée qui délimite
quatre patios à ciel ouvert. Ce savant ensemble qui utilise pour la première
fois des voûtes en grès superposées, permet l'accès au premier gradin de
la pyramide (second étage) par trois petites galeries parallèles. Dans l'une
des galeries subsistent encore quelques statues de Bouddha, la plupart ont
été transférées dans les réserves. Autre fois, cette galerie s'appelait
la "salle des milles bouddhas". Cette deuxième enceinte, qui mesure 100
x 115 m, n'était accessible qu'aux prêtres. C'est pourquoi on y trouve deux
bibliothèques (nord et sud), parées d'Apsaras. Hormis ces décorations, l'architecture
dépouillée de ce niveau correspond aux besoins des religieux érudits, retirés
pour se livrer à la méditation. Cette enceinte contient le soubassement,
haut de 13 m, au sommet duquel se dresse le massif colossal de la dernière
enceinte (60 m de côté). Inclinés à 70° des escaliers vertigineux permettent
l'accès au couronnement. Ce troisième et dernier niveau du temple-montagne
supporte les quatre prastas d'angle et le sanctuaire central, tous reliés
par des galeries voûtées. Des Apsaras et de superbes frontons ornent les
tours et portes. Le sommet du sanctuaire culmine en bouton de lotus à 42
m (soit 65 m au-dessus de la plaine d'Angkor). Malgré cette masse colossale
de pierres, il se dégage de ce dernier ensemble une légèreté qui a fait
la renommée de l'architecture angkorienne. Ce dernier gradin n'était accessible
qu'au roi et au grand prêtre, car c'est ici que le dieu résidait sous forme
d'une statue, ici que le souverain s'identifiait à la divinité (Vishnou).
Il est probable que la statue de Vishnou qui se trouve dans la deuxième
enceinte est celle qui siégeait autrefois dans le sanctuaire central. Dès
l'avènement du roi Jayavarman VII (1181) qui vit du Bouddhisme la doctrine
officielle de la nation khmère, le grand sanctuaire brahmanique changea
de destination. On considère aujourd'hui que c'est cette nouvelle orientation
religieuse qui permit à ce merveilleux complexe d'Angkor Vat d'être sauvé
de l'envahissante végétation tropicale car la bonzerie qui s'établit sur
le site ne cessa de l'entretenir au cours des siècles. |