Histoire du Laos
De son origine à la colonisation française.

Les premiers éléments tangibles de l'histoire moderne du Laos datent du XIVe siècle. A cette époque, ce qui est le Laos d'aujourd'hui, est un ensemble de principautés souvent opposées les unes aux autres par des guerres ancestrales. Il s'agit principalement des principautés de Luang Prabang, Vientiane, Xiang Khoang, Savannakhet, et Champasak. Vers la moitié du XIVe siècle, Fa Ngum, un prince exilé à Angkor, au royaume khmer, entreprit la conquête, avec le soutien de l'armée khmer, des provinces au nord d'Angkor. Son action conquérante le porta jusqu'à Xieng Dong - Xieng Thong, l'actuelle Luang prabang, où il sera couronné en 1353, Roi du Lane Xang "Royaume du million d'éléphants". Cette première unification des différentes principautés lao est l'acte fondateur de ce pays qui deviendra le Laos.
Le royaume de Lane Xang, constitué des conquêtes territoriales de Fa Ngum, s'étendait depuis la frontière de la Chine, jusqu'à Sambor au Sud des rapides du Mékong et de la frontière vietnamienne jusqu'aux contreforts du plateau de Khorat. Xieng Dong - Xieng Thong (Luang Prabang) en était la capitale. Fa Ngum introduisit le Bouddhisme au Laos en accueillant une mission bouddhique khmère en 1358 qui apporta la statue de Bouddha appelée le Phra Bang, En 1368, l'épouse khmère de Fa Ngum décéda et ce dernier épousa la fille du Roi thaï d'Ayuthia. Fa Ngum fut un roi conquérant qui n'hésita pas à défier le royaume thaï d'Ayuthaya. Cependant, ses ambitions de fastes et de grandeur, ainsi que son comportement tyrannique et ses mœurs débauchées après la mort de sa deuxième femme, lui coûtèrent son trône : les hauts dignitaires du royaume le destituèrent en 1371. Deux ans après sa destitution, Fa Ngum mourut et son fils Sam Sen Thaï est considéré comme l'organisateur du royaume du Lane Xang. C'est à lui que l'on doit la monumentale statue de bronze du Bouddha de Vat Manorum à Luang Prabang.

Au XVe siècle, le royaume connut de graves crises. Tout d'abord, en 1428, la fille du roi Sam Sen Thaï imposa une tyrannie sanglante, puis le royaume fut envahi par les Vietnamiens. Cela se passa alors que la dynastie chinoise des Ming occupait le Vietnam depuis 1407. En 1421 le Laos envoya des troupes pour soutenir le chef militaire vietnamien Lê Loi dans son combat contre les Chinois. Or au moment décisif, les troupes laotiennes se retournèrent contre leur allié. Les Vietnamiens tinrent rancune aux Laotiens de cette trahison et, en 1479, après avoir réorganisé son royaume, le Roi Le Thai To (nom de règne de Le Loi) envoya ses troupes au Laos pour punir le roi Sai Chakrapat. Ce dernier fut tué au combat à Phen Pheo et son royaume occupé. Ce n'est que plus tard que les Vietnamiens durent se retirer face à des soulèvements populaires stigmatisés par le prince héritier.
Au XVIe siècle le roi Vixun épousa une princesse du royaume de Lan Na. En 1545, son fils, le roi Pothisarath hérita de ce royaume. La même année le fils de ce dernier réunit les deux couronnes sur sa tête sous le nom de Setthatirath. Par la suite ce monarque perdit le royaume de Lan Na tombé aux mains des Birmans et dut faire des alliances avec le roi du Siam pour repousser à deux reprises l'invasion birmane, en 1554 et en 1570. Setthatirath dut transférer sa capitale de Xieng Dong Xieng Thong à Vientiane moins exposée aux attaques des Birmans, et l'ancienne capitale prend le nom de Luang Prabang. Vers la fin du XVIe siècle, le Laos connut de graves crises de succession suite à la mort de Setthathirat, tué au pays des Kha en 1571. Ce n'est que bien plus tard, en 1637, à l'avènement du roi Suriya Vongsa, que le Laos connut une ère de paix. Ce monarque avait épousé une fille de l'empereur d'Annam Lê Than Tông et s'entendit avec son beau-père sur la frontière séparant les deux pays : toutes les habitations sur pilotis se seraient au côté des Laotiens et les maisons à même le sol se seraient du côté des Vietnamiens. Souligna Vongsa, régna durant plus de la moitié du XVIIe siècle. À sa mort en 1694, il avait conclu des traités avec tous les voisins dans un effort de stabilité des frontières du royaume. Cependant, à la suite de querelles de succession, Lane Xang se scinda en quatre petites principautés (Luang Prabang, Vientiane, Xieng Khouang et Champassak) qui devinrent des proies faciles pour le Vietnam, la Birmanie et le Siam. Ce fut la fin de la plus longue période d'unité dans l'histoire du Laos. En 1753 les Birmans pillèrent Luang Prabang. En 1767 la capitale siamoise Ayuthaya capitula pour la seconde fois devant les troupes birmanes. En 1774, en représailles, les Siamois s'emparèrent de Vientiane et dérobèrent toutes les idoles sacrées. Le pays tombe sous la tutelle siamoise.
En 1805 le nouveau roi Chao Anou de Vientiane entretenait de bonnes relations aves le Siam, il rendit son royaume prospère et construisit de nouveaux temples à Vientiane dont le Vat Si Sakhet. Mais en 1825 ayant pas réussi à convaincre Bangkok de rapatrier la population laotienne déportée au Siam en 1778, Chao Anou se détourna de Bangkok et se mit sous la tutelle du Vietnam. Misant sur l'imminence d'une guerre entre le Siam et l'Angleterre, Chao Anou marcha sur Bangkok, mais il fut battu à 100 km de la capital siamoise et se réfugia à Huê en 1828 et demande l'aide à Minh Mang l'empereur d'Annam. Vientiane fut incendié et les trésors furent dérobés. Cependant avec l'aide des vietnamiens, Chao Anou réussit à reprendre la ville, mais il massacra les troupes ennemies, ce qui provoqua la fureur des siamois. Ces derniers rasèrent et incendièrent la ville de Vientiane en 1828 et le royaume fut réduit à l'état de province siamoise. Réfugié auprès du roi de Xieng Khouang, Chao Anou fut livré par son allié aux siamois il mourut en 1835 dans une prison de Bangkok. Le roi de Xieng Kouang fut exécuté par les Vietnamiens en place publique à Huê pour trahison, et son royaume fut annexé au royaume d'Annam.

Depuis 1864 les royaumes du Laos étaient dévastés par des bandes de "Pavillons Noirs". Venus du Vietnam ces Hos d'origine chinoise pillèrent Xieng Khuang, Luang Prabang et Vientiane. Le Siam sous prétexte de défendre le Laos contre les bandits étendit sa domination jusqu'à la frontière du Vietnam. Ce dernier ne réagit guère car il était en plein conflit avec la France. En 1884 la cour de Huê invoque les traités signés avec la France et demande de sauvegarder les droits vietnamiens sur le Laos en espérant récupérer le Tran Ninh (Xieng Khuang), Kham Muan et Vientiane. Les Français ne demandèrent pas mieux et exigèrent du Siam la restitution de ces territoires. Mais le Siam ne l'entendit pas de cette oreille et voulut avoir la frontière commune avec le Vietnam. Comme la signature des traités traînaient en longueur, la France envoya les canonnières qui se postèrent en face de Bangkok, prêtes à ouvrir le feu. Le Siam céda et signa deux traités en 1893 et 1907, par lequel il renonçait à tous les territoires de la rive gauche du Mékong, y compris Luang Prabang. Le Laos passa ainsi sous le contrôle des Français. Il fut le dernier pays à intégrer l'union Indochinoise