Royaume indianisé de type malayo-polynésien, il aurait pris sa forme dès le IVe siècle de notre ère sous le règne du roi Bhadravarman qui réunit les différents fiefs et tribus de la bande côtière située au pied de la cordillère Annamite. Le Royaume du Champa brilla pendant plus de mille ans, mais la pauvreté et l'aridité des terres qui le composaient n'ont pas permis l'éclosion d'une structure sociale solide et prospère. Les Chams vivaient essentiellement de la pêche et de piraterie. Ils entretenaient des relations conflictuelles avec leurs voisins : pendant des siècle contre le puissant empire Khmer, ainsi que contre le Dai Viêt lorsque ce dernier se fut libéré du joug chinois, au Xe siècle. A cette époque l'unité du pays viet nouvellement indépendant, était fragile et le Champa en profita pour intervenir dans les conflits internes. Lê Hoang (dynastie Dinh) roi du nouveau royaume viêt enfin unifié sous le nom de Dai Co Viêt, envoya un ambassadeur au roi du Champa. Ce dernier sûr de sa supériorité retint l'ambassadeur et défia ainsi le Dai Co Viêt. De sa capitale, Hoa Lu, Lê Hoang monta une expédition et détruisit la capitale cham Indrapura (Dông Du'o'ng) en 982. A partir de cette date, les deux états furent sans cesse en conflit.

Les Viêts trop concentrés dans le delta du Fleuve Rouge et est confrontés à la menace persistante de l'Empire du Milieu, entamèrent une politique d'expansion vers le Sud, le "Nam Tiên" (l'avance vers le sud),et le royaume du Champa pour conquérir de nouvelles terres cultivables dans le Delta du Mékong. La résistance du peuple Cham fut courageuse et héroïque. Par plusieurs fois, il parvint à infliger de lourdes défaites à ses ennemis jusqu'à s'emparer de leur capitale.

En 1177 le roi Cham Jaya Indravarman IV, après s'être assuré de la neutralité du Dai Viêt, lança ses troupes sur l'empire Khmer alors en pleine apogée, il saccagea la capitale Angkor et occupa le pays pendant quatre années. En 1371, un autre roi cham nommé Chê Bong Nga réussit à déjouer plusieurs attaques viêt et s'empara finalement de Thang Long sa capitale (Ha Nôi de nos jours), mais il fut trahi et tué au combat.

En 1471 prenant pour prétexte les pillages des côtes de son pays par les Chams, le grand roi viet Lê Anh Tông attaqua le Champa par les voies maritimes et terrestres. La chute de la glorieuse capitale Vijaya fut sans appel. Lê Anh Tông fit décapiter plus de quarante mille prisonniers et en déporta trente mille. Après avoir rasé la capitale, il annexa plus de la moitié du Champa dont il peupla les terres hostiles de miséreux et de pauvres paysans et de condamnés. La perte définitive de Vijaya annonça la fin d'une longue lutte acharnée entre deux pays mais aussi la victoire, dans cette région, du monde sinisé sur du monde indianisé.

La partition du Viêt Nam laissa un répit au Champa et ce dernier tenta à maintes reprises de reconquérir les provinces perdues, mais il se heurta aux armées des seigneurs Nguyên qui annexèrent peu à peu les territoires du Champa. Les seigneurs Nguyên laissèrent subsister la principauté du Panduranga, mais en 1832 Minh Mang annula ce droit, signant par cette décision la disparition définitive du Champa.

L'art cham s'il fut remarquable n'a cependant jamais atteint la grandeur de ceux des civilisations d'Angkor, de Pagan ou de Borubodure. Cependant il permit l'édification d'élégantes tours (kalan) représentant le mont Mérou dans l'hindouisme et dédiées le plus souvent à Civa, elle-même symbolisée par un linga. La brève époque de Dông Du'o'ng (875 à 915) fut dédiée au culte bouddhique comme en témoigne un grand monastère édifié à cette époque.

Les tours étaient construites de briques, puis sculptées. L'assemblage de ces briques intrigua longtemps les chercheurs. On suppose que les Cham ponçaient les briques pour revêtir les tours en utilisant de la poudre de brique mélangée à une colle naturelle. D'autres chercheurs pensaient que les Cham construisaient les tours puis cuisaient le tout une fois l'édifice achevé.Une équipe polonaise tenta d'analyser le substance utilisée comme liant mais sans réel succès. Quant aux linteaux et portiques, ils étaient généralement réalisés en grès sculpté.

La présence pendant plus de mille ans de cette civilisation au pied de la cordillère annamitique explique le grand nombre de vestiges cham. De plus, chaque clan construisit son propre temple. Le plus grand site Cham aujourd'hui visible se trouve à My Son où sont rassemblés différents styles couvrant plusieurs époques. My Son devint une vallée sacrée où chaque roi cham contribua à la construction d'une tour ou d'un temple.

Il ne reste plus grand chose des capitales chams comme Indapura (Dông Du'o'ng) ou Vijaya quasiment rasées lors des guerres et des invasions. Les colons viets, quand ils s'approprièrent ces nouvelles terres prirent les briques pour construire les maisons temples et églises. La plupart des sculptures chams sont aujourd'hui rassemblées au musée cham de Da Nang.

Les sites cham ont un grand intérêt touristique et leur restauration est prévue à plus ou moins long terme.